Dans Territoire, ZOOM SUR LA REGION

On ne peut rester indifférent à la crise qui secoue actuellement le monde agricole.
L’agriculture est un élément intrinsèque de nos campagnes : peut-on envisager notre commune demain sans agriculteurs ?

ETRE AGRICULTEUR AUJOURD’HUI

Baisse de la consommation, concurrents européens (Espagne, Allemagne notamment), embargo russe sur la viande de porc, la filière agricole bretonne s’essouffle. Nous avons rencontré un agriculteur autour de Tréguidel  pour savoir ce qu’il en pensait.

Tout d’abord, nous avons voulu comprendre comment sont fixés les prix :

Le prix du porc : est fixé, deux fois par semaine, au Marché du cadran à Plérin  pour 18 % de l’élevage français. Il sert alors de référence nationale. ” Le jeudi, les abatteurs (industriels) achètent aux éleveurs et c’est ainsi qu’est fixé le prix, par une  confrontation directe entre l’offre et la demande comme en salle des ventes», explique Daniel Picart, éleveur à Plouigneau (Finistère) et président du marché du porc breton, au journal Le Figaro. C’est une enchère dégressive. Les acheteurs intéressés pressent un bouton, le numéro de l’acheteur s’affiche sur un cadran et le vendeur concerné accepte ou refuse l’offre de prix.

«L’éleveur de porc peut rarement refuser la vente car il est sur des denrées périssables et difficiles à stocker», précise Dominique Barrau, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et éleveur laitier en Aveyron.

“Le lendemain, vendredi, les abatteurs revendent aux grandes et moyennes surfaces (GMS) et aux salaisonniers (ces derniers revendent ensuite aux GMS). Là, les prix sont fixés de gré à gré. Enfin, de son côté, la distribution revend sur le marché «sans réglementation», affirme le secrétaire national de la FNSEA (source Le Figaro).

Le prix du boeuf : est fixé par l’organisme public FranceAgriMer. Une moyenne est établie à partir des prix d’achat déclarés par les abatteurs à l’entrée des établissements. C’est bien l’industriel qui fait le prix. Mais une enseigne de supermarchés peut aussi passer commande à prix fixe pour une promotion par exemple: la pression sur l’abatteur est alors répercutée à l’éleveur, rapporte l’AFP.

Un juste prix

Le prix du porc n’a cessé de baisser et se trouve en-dessous du coût de production.  Il manque 0.30 €  au kg, soit environ 5 % du prix de vente.  5 % qui mettent en péril une région entière !

Une juste concurrence

“Comme nous sommes sur un marché européen, le prix dépend de l’offre et de la demande et la concurrence est rude parce que les contraintes ne sont pas les mêmes. En haut de la chaîne, pour pouvoir vendre, il faut négocier durement et accepter certaines exigences. La viande étant une denrée périssable, il n’y a pas beaucoup de marge de manoeuvre.  Malheureusement, les répercussions à la baisse ne sont pas équitablement réparties entre les différents acteurs de la filière si bien qu’au final, c’est le producteur c’est-à-dire l’agriculteur qui se trouve acculé à supporter cette compression de prix et finit par vendre à perte”.

Nous devons faire face au marché européen.L’an dernier, le prix du porc est passé, en France, à 1.40 € . Mais ce n’est pas suffisant : les éleveurs allemands produisent de plus gros volumes, avec des contraintes environnementales moins imposantes et un coût de main d’oeuvre moindre. Et les distributeurs donnent priorité aux produits de proximité, ce n’est pas le cas chez nous !

Moins de normes et de contraintes administratives

Nos bâtiments ont vieilli et les exploitations ont besoin d’être modernisées. Mais les contraintes réglementaires sont telles que, pour tout investissement, nous croulons sous le poids des dossiers à constituer. Cela devient tellement compliqué que nous devons faire appel à un  Centre de Gestion. Tout cela a un coût.

Chaque mois, nous perdons de l’argent

“Nombre d’agriculteurs se suicident dans l’ignorance et l’indifférence de notre société. Entend-on parler de ces agriculteurs accablés de dettes, angoissé dans l’attente de l’huissier, se demandant de quoi sera fait demain si tant est qu’ils en aient encore le courage  ?

Alors, nous sommes rendus à dire à nos enfants de ne pas rester dans la profession. Pourtant, j’y crois encore…

Quelles solutions pour notre agriculture ? 

 Ici et là, plusieurs solutions sont avancées :

  • mentionner l’origine de la viande sur les produits transformés
  • répercuter les hausses des prix à tous les échelons de la filière
  • restructurer la filière :  «Il y a un nombre très important de structures et de coopératives qui font toutes la même chose. Elles ont toutes une bardée de salariés, avec des bâtiments, des voitures, des charges fixes… que nous, éleveurs, on doit supporter, explique l’éleveur. Sauf que notre kilo de cochon, il n’en peut plus aujourd’hui.» (porte-parole des Bonnets roses)
  • réduire le coût du travail et uniformiser les règles sociales et environnementales au niveau européen
  • libéraliser l’agriculture : produire de produits de qualité, des produits originaux, raccourcir la chaîne des intermédiaires, privilégier les circuits-courts,
  • diversifier la production…
Les Français ont une bonne image des agriculteurs

Selon un sondage réalisé par BVAles Français ont une bonne image des agriculteurs :

  • 83 % ont une bonne image de l’agriculteur
  • 1 Français sur 4 en a même une très bonne opinion
  • 84 % approuvent le mouvement et sont prêts à faire un effort financier pour privilégier les produits français
  • et 95 %  approuvent la mise en place de règles de commerce équitable permettant de soutenir les produits issus de l’agriculture française en garantissant un juste prix pour le producteur.
Mais les Français connaissent mal le métier d’agriculteur

Dans une autre enquête, également réalisée par BVA, les Français affichent “une méconnaissance des méthodes de production et de la réalité du métier :

  • 65 % considèrent mal connaître les différents moyens de faire pousser, protéger, récolter des cultures
  • 58 % connaissent mal les différents modes d’élevage
  • si 86 % des agriculteurs estiment qu’ils ont des modes de production raisonnée, 24 % seulement des Français ont la même évaluation.

Autre constat : “…  Quant aux défis à venir pour l’agriculture, si les Français et les agriculteurs partagent l’idée que garantir la qualité et la sécurité alimentaire est primordial, les agriculteurs veulent, en deuxième position, maintenir le tissu économique local alors que l’opinion publique demande de défendre notre indépendance alimentaire. Une opinion qui estime aussi que le produit « made in France » vaut mieux que le produit bio venu d’ailleurs.

De la même façon, le grand public privilégie le principe de précaution à celui d’innovation. Enfin, il est très surpris de savoir que les agriculteurs ont implanté des bandes enherbées pour protéger la ressource en eau. Ils ignorent aussi que l’agriculture est directement ou indirectement le deuxième secteur d’emploi en France. Tout comme ils sont surpris d’apprendre que l’espérance de vie des agriculteurs est supérieure de deux, trois ans à la moyenne nationale – (extrait La France Agricole)

Lancement de #agridemain

Pour mieux faire connaître la réalité du monde agricole, les principales organisations professionnelles ont lancé une plateforme

agridemain.fr

 Des ambassadeurs, c’est-à-dire des agriculteurs, des acteurs du monde agricole, racontent leur histoire.

agridemain

Le Forum citoyen, en relation avec la communauté de communes Lanvollon-Plouha
a édité, il y a quelques temps, la liste des producteurs locaux de notre territoire ” savourez autrement”
https://www.treguidelentrenous.fr/consommer-local-produits-proximite-saison/

L’agriculture dans le Pays de Guingamp

Au mois de janvier dernier, à l’initiative de Philippe Le Goux,  les présidents des 8 communautés de communes du Pays de Guingamp  ont lancé une motion de soutien aux agriculteurs et leurs familles. Nous reproduisons ici, le document qui accompagnait cette motion :  :

pays de guingamp

Situation du Pays de Guingamp

  • 1500 exploitations agricoles
  • 6000 emplois agricoles et agroalimentaires

L’agriculture est une activité prépondérante à l’échelle du Pays, avec 9.3 % des emplois du territoire.

L’activité agricole à l’échelle du Pays rassemble 1 481 emplois salariés répartis de la manière suivante en fonction du type de production : voir schémas ci-dessus..

et représente un poids encore plus conséquent au regard des emplois indirects ou liés à l’activité agricole (industries agroalimentaires, entreprises de négoces, logistiques, …).

L’activité industrielle agroalimentaire fournit plus de 2100 salariés soit 57% des emplois industriels et 11% des emplois salariés du secteur privé. 6 des 10 plus grands employeurs du territoire en terme d’emplois sont issus de l’agroalimentaire.
Les exploitations sont principalement liées à l’élevage et à la production laitière

Crise agricole : 84 % des Français soutiennent les agriculteurs
Crise agricole : 84 % des Français soutiennent les agriculteurs

Les terres agricoles couvrent 70 % de la surface de Tréguidel. 9 agriculteurs exploitent sur la commune :

  • 1 éleveur de porcs
  • 3 éleveurs de bovins
  • 2 éleveurs de volailles
  • 3 cultivateurs
POINT DE VUE SUR CETTE CRISE AGRICOLE

Dans une interview accordée, au mois d’octobre dernier, au journal Ouest-France, Jean Ollivro, professeur de géographie à l’université Rennes 2 et président du think tank breton Bretagne Prospective, apportait son éclairage sur la situation de la filière agricole :

jean ollivro
Ouest-France - 20.10.2015

Jean Ollivro relève trois facteurs à l’origine des difficultés des agriculteurs

  • le différentiel de charges qui pèsent sur nos exploitations par-rapport à nos voisins et concurrents
  • le coût supérieur de la main-d’oeuvre puisqu’il n’existe pas d’Europe sociale
  • les normes et réglementations qui pèsent sur un secteur suradministré
    (1 fonctionnaire par paysan)

Mais il souligne aussi que l’Etat refuse d’engager les réformes structurelles nécessaires car il est exclu de toucher à la hiérarchie actuelle des pouvoirs. Et Jean Ollitro nous rappelle que ces 2% d’actifs que représentent le monde agricole, c’est 30 % du chiffre d’affaires breton, 29 % des emplois et 34 % de l’export – Ouest-France – Octobre 2015

jean ollivro
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