ANIMATIONS ET FETES ANCIENNES
LES FEUX DE LA ST-JEAN
Si la fête de la musique a supplanté les traditionnels feux de la Saint-Jean, ils n’ont pas totalement disparu pour autant.
Souvent interdits à partir de 1990 pour des raisons de sécurité, le phénomène renaît sous une forme plus adaptée aux exigences légales.
Selon le calendrier traditionnel, la fête se déroule lors du solstice d’été, le 23 juin au soir, veille de la Saint-Jean. A la tombée de la nuit, les campagnes s’éclairent de grands feux autour desquels les gens se regroupent : c’est le moment où l’on affirme son appartenance au groupe, le moment où les personnes qui s’entraident aux travaux des champs se rassemblent.
Dans certaines communes, un seul bûcher est dressé, ailleurs plusieurs feux sont allumés à la croisée des chemins desservant les hameaux. Il s’agit de lancer un feu plus haut que celui des voisins. Ici, on le nomme tantad comme à Tréveneuc, là, tanteg, tantez, tan Sant Yann… fouée ou rieux comme à Tréguidel.
Longtemps, dans la nuit du 23 au 24 juin, c’est le roi de France lui-même qui a allumé le célèbre feu de la Saint-Jean Dans les villes et les villages, il est allumé par le curé, le maire, le doyen, une personne prénommée Jean, une jeune fille ou même les derniers mariés de l’année.
Cette fête fût importée en Amérique lors de la conquête de la Nouvelle-France. On la célèbre depuis 1636. Dans la province de Québec, la Saint-Jean marque la singularité identitaire des Québécois. Parades et défilés, activités dans les rues, spectacles en plein air et feux de joie s’organisent partout dans la province.
QUE FAIT-ON AUTOUR DU FEU ?
Le rituel change selon les villages mais on danse bien entendu car c’est l’occasion pour les jeunes de se retrouver. Tourner autour du bûcher revêt également un sens magique :
- On conservait les cendres de ces feux, pour préserver la maison de la foudre et des orages et protéger les animaux. Souvent, les cendres étaient épandues sur les sols car elles constituaient de bons engrais.
- On pouvait jeter des pierres dans le feu ou les disposer en cercle tout autour. On les récupérait ensuite pour en tirer les présages de mariage… ou de mort.
- On balançait son petit enfant au-dessus du feu neuf fois pour lui assurer une croissance rapide
- On posait des sièges autour du feu : les fantômes des défunts pouvaient s’y asseoir, écouter les chants et admirer les danses.
Il était également très fréquent de sauter par-dessus le feu. Tantôt pour se marier dans l’année, tantôt pour se préserver des furoncles ou des sortilèges, tantôt encore pour porter bonheur, ou fortifier les os et se préserver des rhumatismes.… Ceux qui ne pouvaient plus sauter par-dessus le feu enjambait une braise !
ET APRES ?
Une fois le feu éteint, chacun rentrait chez soi avec un tison. “Le feu de Saint-Jean ne brûle pas” dit la tradition populaire. Les mêmes propriétés magiques lui sont attribuées : posé dans une armoire ou près du lit des parents, conservé jusqu’à la Saint-Jean prochaine, le tison préservait la maison de l’incendie, de la foudre et de certaines maladies. Jeté dans le puits ou la fontaine, il purifiait l’eau. Déposé dans un champ, il protégeait les récoltes de la grêle.
On utilisait jusqu’aux cendres de ce feu de joie. Parfois, un crieur les mettait aux enchères : pour les semis de blé noir, ou pour les vertus bienfaisantes qu’on leur attribuait.
LES FEUX DE LA ST JEAN A TREGUIDEL
« La soirée commençait par une cérémonie à l’église. Ensuite, on rejoignait la place Bessin, en procession. Là, le curé bénissait le bûcher.
A la nuit tombée, une personne prénommée Jean allumait le feu. Tous les gens du village se regroupaient et formaient une ronde autour du feu. On chantait et on dansait jusque tard dans la nuit, tant que le feu n’était pas éteint. Parfois, quelqu’un lançait un seau de cidre pour le relancer et retarder ainsi la fin de la fête. Il arrivait de temps à autre qu’un musicien se joigne au groupe et joue de l’accordéon. On chantait « nous n’irons plus au bois… », ou « entrez dans la danse,… ». Les célibataires sautaient par-dessus le brasier : c’était un présage de mariage dans l’année.
Il y avait plusieurs feux à Tréguidel : au Reste, à Catroual, et du côté de Tonnelais/Goaderno. Certaines années, pour éviter de disperser les gens, certains feux étaient lancés le lendemain.
Cette tradition a perduré jusqu’aux environs de 1960. »
«Le jeudi qui précédait le feu de la St Jean, était notre jour de repos lorsqu’on était en primaire. Nous étions un groupe d’enfants, sept ou huit, à ramasser du bois et des fagots. Nous empruntions la carriole à bras de René Berthelo et l’on parcourait toute la commune en criant «un fagot, c’est pas la mort ! ». Certains tiraient la charrette et, dans les montées, d’autres aidaient en poussant à l’arrière. On allait ainsi de maison en maison, de ferme en ferme, en faisant de nombreux trajets pour entreposer le bois place Bessin. Il y avait trois feux : un au bourg, un à Catroual et un autre au Reste. Chaque groupe avait son secteur et on respectait ces frontières symboliques sous peine de se bagarrer. A la tombée de la nuit, on allumait le feu et les gens se regroupaient autour. C’est un souvenir qui remonte aux années 1953-1954 car je suis ensuite parti au collège et je ne revenais qu’en fin de semaine ».