[Part 2/2] Smart Villages, le numérique à la campagne

Dans les années à venir, l‘économie numérique va prendre une place de plus en plus grande dans la dynamique de notre territoire. La Bretagne est l’une des trois régions françaises les plus actives en termes de demande de brevets Tic (Technologies de l’Information et de la communication). En dehors de l’Ile-de-France, elle occupe même le 1er rang en ce qui concerne les télécommunications et l’électronique, avec 1 116 brevets déposés auprès de l’INPI entre 2008 et 2012, et 127 entreprises localisées en Bretagne. Trois pôles de compétitivité confirme ce dynamisme qui devrait être encore conforté dans les prochaines années :

• Lannion, en Trégor-Goëlo, avec le secteur des télécommunications (pôle Images et Réseaux)
• Brest, avec la diffusion du numérique à l’industrie, via l’économie de la mer et la défense  (pôle Mer Bretagne Atlantique)
• Rennes, plus tournée vers les services, web et cloud (pôle Cyberdéfense).

On peut relever que les métropoles Brest et Rennes sont labellisées French Tech, bannière portée par le gouvernement pour impulser une dynamique autour des startups françaises “afin que les investisseurs internationaux voient la France comme une nation innovante, un acteur incontournable du numérique, qui dispose d’un écosystème vibrant et dynamique” – Axelle Lemaire.

Aujourd’hui, la Région, mais aussi la communauté de communes, investit dans le très haut débit, ce qui laisse penser que l’enjeu est important. Avec le déploiement de la fibre optique, le monde rural peut s’approprier des usages d’internet et l’accès à des services habituellement réservés aux villes.

Le déploiement de la fibre optique

La première tranche de déploiement de la fibre optique dans notre communauté de communes couvre la période 2014-2017. Les communes de Goudelin, Le Merzer, Lannebert, Tréméven et le Faouët sont concernées ainsi qu’une poche à Pludual et deux à Plouha. Les autre tranches suivront, à partir de 2018, de sorte que notre territoire devrait être totalement desservi par la fibre optique en 2030.

On imagine le réseau numérique sous terre. Pourtant, de nouvelles techniques voient le jour, comme dans la Manche où les deux réseaux, numérique et de distribution d’électricité, ont été mutualisés : ainsi le déploiement de la fibre ne nécessite pas de gros moyens, les coûts et les délais sont réduits puisqu’il emprunte le réseau aérien électrique. Belle-Ile-en-mer a pu accéder au très haut débit avec un nouveau câble sous-marin qui intègre des brins de fibre optique dans la même gaine que les conducteurs électriques.

Dans notre communauté de communes, les infrastructures aériennes seront également utilisées (poteaux du réseau téléphonique et supports basse et moyenne tension du réseau de distribution électrique) en complémentarité avec le génie civil souterrain.

Pour quelles applications dans notre territoire ? 

Dans la communauté de communes

→  Avec la dématérialisation des supports

→  Avec le Visa Internet

Il s’agit d’un dispositif de formation mis en place et financé par le Conseil Régional de Bretagne à destination des habitants des quatre départements bretons de plus de 18 ans : retraités, demandeurs d’emploi, mères au foyer, salariés à temps partiel… en fait tous ceux qui souhaitent s’initier à internet. Le but est de familiariser les habitants aux usages du numérique et la découverte de l’ordinateur mais aussi de se perfectionner.

La formation dure 8 semaines à raison de 2 heures par semaine, et se déroule dans les locaux de la communauté de communes à Blanchardeau ou dans les locaux des formateurs.  Le Visa Internet est délivré à l’issue du stage.

→  Avec une salle de visio-conférence

Il s’agit d’une salle adaptée pour organiser une réunion ou un entretien. Le rendez-vous démarre à l’heure prévue avec votre ou vos interlocuteurs. La communication peut alors s’établir entre deux ou plusieurs personnes, situées dans des salles de visioconférence, à n’importe quel endroit de France, ou même à l‘international.

Un écran visualise vos interlocuteurs pour pouvoir échanger tandis qu’une caméra vous filme pour, réciproquement, être vu de vos interlocuteurs. Un deuxième écran projette les documents de travail qui peuvent être consultés et même annotés voire modifiés  en temps réel. En somme, c’est une outil similaire à Skype, techniquement plus abouti pour les professionnels.

C”est un espace qui permet de communiquer, sans se déplacer, avec des personnes situées géographiquement à des endroits plus ou moins éloignés : réunions de travail, entretien d’embauche, e-learning, consultation avant une prise de décision….

Il est destiné aux associations, entreprises, collectivités, établissements scolaires, mais aussi aux particuliers qui auraient besoin de passer un entretien d’embauche sans avoir à se déplacer. Seule contrainte pour pouvoir l’utiliser :  il est nécessaire que votre interlocuteur dispose d’un équipement similaire.

→  Avec la création d’un télé-centre

→  Avec l’Open-Data

C’est quoi l’Open-data ? Ce terme anglo-saxon signifie “ouverture des données publiques“. Il s’agit de données brutes que les collectivités et les administrations détiennent et qui doivent pouvoir être mises à disposition et rendues publiques dans des formats accessibles pour être réutilisées, traitées, analysées par les citoyens, les chercheurs, les entreprises, les associations. Elles ne doivent pas être personnelles, ni nominatives. Parmi elles, on trouve notamment :

• des données concernant le territoire (cadastre, cartes)
• des données d’archives, des informations touristiques
• des données de décisions publiques (enquêtes, budgets, subventions….)
• les flux urbains, les données concernant les réseaux Eau, Energie, Transport…

Ces informations  sont divulguées dans le but de créer de nouvelles activités et d’offrir de nouveaux services aux habitants. Par exemple, l’application Tranquilien permet de localiser le prochain train transilien dans lequel il est possible de s’asseoir.

Une autre application, Handimap, propose des itinéraires pour les personnes à mobilité réduite dans plusieurs villes de France  (trottoirs surbaissés). Une belle rencontre à l’origine entre la ville de Rennes et deux développeurs qui ont créé cette application. Il aurait fallu beaucoup de temps à la ville pour concrétiser cette idée (prendre la décision, la développer, allouer un budget, embaucher un développeur…). Un bel exemple de la synergie entre collectivités, entreprises et citoyens qui débouche sur une économie intelligente avec des réalisations à pluralité sociale.

Dans les Côtes-d’Armor, notre Communauté de communes est précurseure dans ce domaine puisqu’elle fait partie des premiers contributeurs à l’origine de Dat’Armor, l’opendata du département (un concours de création d’applications liées à l’open-data a eu lieu l’année dernière à St-Brieuc, pour en savoir plus : “Innovation. Ces startups bouillonnent d”idées“).

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont de fabuleux moteurs pour faciliter les échanges et développer une synergie entre tous les acteurs de notre territoire : collectivités, entreprises et simples citoyens. Déjà, on ne parle plus de “smart village” par opposition à “smart city” mais de “smart territory”, de “territoire intelligent” où les spécificités, les richesses, les interactions de chaque territoire sont prises en compte.

Ces outils sont générateurs de nouveaux modes de vie : ils nous apportent un certain confort dans notre quotidien, mais ils transforment aussi notre façon de vivre : on le voit déjà dans le secteur hôtelier avec AirBnB, dans les transports avec le covoiturage mais aussi les taxis Uber… Un nouveau rapport à l’emploi qui amènera certainement une évolution de notre droit du travail mais aussi un nouveau rapport aux échanges qui dessine un nouveau modèle économique, se profilent. Le progrès technologique va toujours plus vite que la réflexion sociétale et des dérives sont possibles, comme on le perçoit aujourd’hui dans l’utilisation des données personnelles, tant qu’une réglementation n’est pas mise en place.

Il demeure donc important de ne pas subir les changements mais les accompagner, les anticiper pour pouvoir les maîtriser. Le défi du numérique ne remplacera jamais le lien social mais, si nous savons bien l’utiliser, il peut le favoriser et participer au mieux-vivre ensemble.

Catherine B.

Autre article :
Smart Villages, le numérique à la campagne [1/2]