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“Il existe un moyen de conserver la jeunesse pour la vie : c’est de toujours rester en lien avec elle” (Vincent Cespesdes).

J’ai voulu rencontrer Jean-Yves Le Guen et partager ce moment pour plusieurs raisons : tout d’abord, et sans connaître l’instituteur qu’il a été, j’ai toujours entendu dire que sa pédagogie plaisait aux enfants. Et puis, j’ai lu quelques uns de ses livres : Le Petit Bonhomme du cheminLe grand voyage d’HortenseC’est comme un arc-en-ciel…  J’ai aimé ces histoires de vie, mais aussi la fraîcheur et la poésie qui se dégagent du texte. Alors, je suis allée à la rencontre de l’auteur qui se cache derrière ces livres…

DE L’INSTITUTEUR A L’ECRIVAIN

école de Lantic

Originaire de Paimpol, Jean-Yves Le Guen a exercé le métier d’instituteur : “ Quand je suis sorti de l’Ecole Normale, j’ai souhaité enseigner à Paimpol mais la ville était très demandée et donc pas accessible pour un débutant. On nous envoie d’abord au fin fond du département, à la frontière du Morbihan. Puis, j’ai réussi à obtenir un poste à Pléguien où j’ai enseigné durant huit ans et ensuite je suis arrivé à Lantic et j’y suis resté.” 
C’est ainsi qu’il s’est installé à Tréguidel, à proximité de son lieu de travail.  Même en retraite, la pédagogie reste un élément important de sa vie, une passion qui ne tarit pas et qu’il partage avec nous avec empathie.

Très investi auprès de Gazibul Théâtre à Saint-Brieuc, il a réalisé plusieurs créations pour enfants et proposé des ateliers à ses élèves. C’est donc par le théâtre que Jean-Yves est venu à l’écriture.

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Mais la publication d’un livre reste difficile : “on envoie un livre. Il revient. On a bien aimé votre histoire mais… cela ne rentre pas dans notre ligne éditoriale. C’est souvent ce que répondent les éditeurs.

Pour contourner cette difficulté “j’ai créé, avec un petit groupe d’auteurs et d’illustrateurs, une société d’édition sous forme associative. Elle s’appelle “les Petits Chemins” en référence à tous ces petits chemins qui jalonnent notre commune, et plus particulièrement le village du Reste où j’habite. Mais, c’est très difficile à faire vivre. Editer, c’est pas compliqué, le problème c’est diffuser. Nous avons eu la chance, au bout d’un an, de trouver un ami qui a aussi une maison d’édition qui marche bien, en Auvergne, et qui a proposé de diffuser nos ouvrages.”

Après dix ans d’existence, l’association, qui fonctionne bien, s’arrête cette année.

Jean-Yves Le Guen

Et la chanson ?

Quand j’interviens dans une classe, j’ai aussi ma guitare. Beaucoup de mes chansons illustrent pas mal de mes livres. Donc, je chante ces chansons avec des mélodies très simples. J’ai écouté ce qu’a dit le chanteur Renaud ” trois accords et on écrit tout ce qu’on veut en musique”. A chaque fois, les enseignants me demandent si j’ai une trace musicale de ce que je produis. J’ai donc aujourd’hui l’intention de monter un projet musical : l’idée est de faire un spectacle à partir de ce conte musical, pas un spectacle théâtral plutôt une lecture théâtralisée, ponctuée par des chansons.”

LE REPORTAGE

SOUVENIRS D’ENFANCE 

Témoignage 1

L’école de Lantic ça a été l’évidence pour moi jusqu’à ce que je comprenne que toutes les autres ne fonctionnaient pas comme ça et que du coup c’était un choix, un projet, une vision de l’école, de l’apprentissage, un désir pour l’enfant et ce qu’il peut devenir dans la vie. Et derrière ce choix ben y’ avait en grande partie Jean-Yves. J’ai l’impression que je dois énormément à mes années à l’école de Lantic. Ma vision de l’autre, de ce qu’on peut faire et attendre du monde et de la vie s’y est déployée.

Ma grande rencontre à moi ça a été le théâtre, avec les ateliers de Françoise Visdeloup de Gazibul que Jean-Yves faisait venir. Tous les matins on avait la classe classique (enfin, il y avait beaucoup d’apprentissages adaptés à chaque enfant et d’outils d’auto-évaluation). Et l’après-midi on avait des ateliers d’art, musique, théâtre, préparation du spectacle de fin d’année et puis, l’anomalie, on avait aussi du sport…

Bon, et Jean-Yves, c’est le seul instituteur qui avait 5 stagiaires IUFM en même temps, trop fort ! On avait fait beaucoup de recherches et de préparations pour notre semaine de classe de mer à Lanmodez. On avait par exemple fabriqué un coracle avec des branches, j’étais un peu sceptique sur le fait qu’il allait flotter et, nous, naviguer dedans mais bon, c’est comme le Père Noël, je me disais que ça ne faisait pas de mal de faire semblant d’y croire auprès des adultes. Jean-Yves nous a ouverts et confortés dans l’idée que dans la vie il y a plein de choses à découvrir, à apprendre, à comprendre et à créer, dans l’idée qu’on pouvait se créer soit-même.

Le seul point de “coquinade” qu’à généré chez moi la classe de Jean-Yves, c’est que le voyage scolaire de CM2 de mon cousin d’un an de plus que moi c’était une semaine en Guadeloupe pour suivre la route du rhum, après une semaine de ski à Tignes, et celui de ma cousine d’un an de moins que moi c’était 10 jours au Canada. Et avec ma classe on est allés à la Roche Jagu faire du vieux gréement et à Lanmodez traverser la baie avec des chevaux de trait (j’avais adoré d’ailleurs)…

Il y a même un jour où, en mathématiques, Jean-Yves avait dit “double part de lasagnes à celui qui trouve le problème !” (Et j’vais trouver parce que j’aimais pas les maths mais j’adorais les lasagnes…).

Voilà quelques souvenirs…

Témoignage 2

 J’étais en classe de CM2 avec Jean-Yves. Il nous a fait découvrir le théâtre :  nous avons travaillé sur une pièce en début d’année scolaire sur le thème du loup. Nous avons créé nos masques, nos costumes et Jean-Yves, qui avait un contact au Québec, a eu la folle idée de nous emmener là bas en Avril afin d’y faire des représentations. Nous avons échangé avec 6 correspondants canadiens et avons eu la chance d’aller au Canada dans différentes familles, de faire nos représentations, de découvrir leur culture, les cabanes à sucre, des écoles, des Canadiens, d’échanger avec eux. Il y a eu un travail monstre effectué durant l’année.

Jean-Yves nous a fait découvrir la musique, le dessin, les livres, c’était un très bon pédagogue, un maître qui nous a ouverts à des choses, des endroits extraordinaires, des cultures différentes. C’est une année et une expérience qui restent gravées dans ma mémoire.

AVIS D’UN LECTEUR

Le Grand Voyage d'Hortense

“Il n’y a pas de quatrième de couverture. Il y a par contre une enveloppe à ce livre. Une sorte d’étui pour le cacher puis le dévoiler comme un trésor, pour le protéger comme un livre précieux. Cette pochette ressemble beaucoup à cette boîte qu’Hortense a posé près d’elle.

 Il n’y a pas de quatrième de couverture. Il y a par contre une introduction. Sous trois images, portant les titres Flip 1, Flip 2 et Flip 3, on peut lire : Pendant le Grand Voyage, tu rencontreras un personnage un peu mystérieux. Pour le voir bouger, pose ton pouce droit sur la tranche du livre, pince légèrement le papier et fais tourner les pages…

 Il n’y a pas de quatrième de couverture. Et c’est tant mieux. Comment résumer la magie des dessins et la poésie du texte ? Il ne faut pas trop en dire, de peur de révéler le secret d’Hortense. Il ne faut pas trop en dire de peur de gâcher les mots de l’auteur.

Comme le fait si bien l’étui autour du livre, il faut laisser le soin au lecteur de découvrir par soi-même…. J’ai toujours été un fan des folioscopes. L’idée d’en intercaler plusieurs au sein d’une histoire est très brillante et ajoute au récit un mouvement inhabituel.”

Nota : les lecteurs intéressés par les livres de Jean-Yves Le Guen peuvent s’adresser directement à lui.

Catherine B.

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