Dans REPORTAGES/VIDEOS

Un atelier de théâtre à Tréguidel

Karine Roubeau est comédienne professionnelle et enseigne la pratique théâtrale dans les écoles, mais aussi  durant les activités périscolaires (TAP). Elle anime également un atelier à Tréguidel, tous les lundis et mercredis.

Comme on n’enseigne pas le théâtre de la même manière aux adultes, aux adolescents et aux enfants, j’ai voulu comprendre quel était le point commun entre eux ?  Curieuse d’en savoir un peu plus, j’ai donc assisté à quelques cours. Et là, j’avoue que les stéréotypes des cours de théâtre en milieu rural sont très vite tombés.

Le cours des adultes

Dans le cours des adultes, je m’attendais à voir tout simplement des amateurs jouer la comédie sur scène. Et bien non, rien de tout cela.  J’ai découvert, avec étonnement et admiration, le travail technique qui y est réalisé. Ce soir-là, le programme affichait :

théâtre à Tréguidel
atelier de théâtre à Tréguidel

Des exercices de relaxation
Le cours démarre par une courte séance pour se défaire de toutes les pressions de la journée.

Des exercices pour la voix
Vient ensuite le travail de diction avec la répétition de phrases impossibles à prononcer (Natacha n’attacha pas son chat Pacha qui s’échappa, ce qui fâcha Sacha …) ou à répéter (truc, trac…).  L’intensité de la voix est également travaillée en partant du chuchotement pour s’exprimer de plus en plus fort.

Des exercices pour le corps
Il s’agit là de réciter un texte qui ne paraît pas très engageant au premier abord, sans bouger pour apprendre à poser sa voix, à travailler sa respiration, le rire, l’expression verbale, ou au contraire, exprimer un texte sans parler pour travailler le placement du corps, le regard, le mouvement…

Des exercices de scène
Ici, les élèves marchent en même temps, dans tous les sens, en récitant à voix haute leur texte : cet exercice nécessite de la concentration, et développe la capacité à mémoriser le texte en alliant espace et mouvement.

Un autre exercice de scène consiste à développer différentes facettes d’un personnage : lire un texte sur un ton informatif, interrogatif, moqueur….

C’est aussi apprendre à faire tomber des barrières en étant capable de jouer sur tous les registres : ainsi, dans la vidéo, vous les verrez mimer des enfants dans une cour de récréation.

Le cours des plus jeunes
atelier de théâtre Tréguidel
atelier de théâtre à Tréguidel

Dans le groupe des jeunes, (8 ans et +) l’accent est mis sur des exercices qui favorisent l’improvisation et la communication : apprendre à écouter pour pouvoir répondre, développer son imagination pour pouvoir improviser, imiter, établir des relations de groupe mais aussi maîtriser son langage en n’utilisant pas toujours les mêmes mots.

Et pour les plus petitsles marionnettes et les tapis de couleurs sont privilégiés. Sur les tapis, les enfants expriment les émotions par une exagération de celles-ci (rire, colère, tristesse…). A l’appui d’un texte lu par Karine, chaque enfant choisit ensuite son personnage et le fait vivre autour d’un théâtre de marionnettes.

Le même rituel final clôture chaque fois le cours des jeunes : chacun improvise pour se dire « au revoir » à sa façon.

Tout le travail de la relation à l’autre prend ici sa signification : faire ensemble, faire confiance, et finalement cela se passe très bien.

Je tiens ici à souligner la démarche de Karine Roubeau qui sait s’ouvrir et accorder une place à chacun de ses élèves, en les considérant comme uniques et riches de leurs particularités. Elle montre ainsi le chemin qui consiste à donner à chacun les moyens de vivre sa différence en société : on se concentre beaucoup sur l’intégration du handicap à l’école, mais la scolarisation n’est pas la seule réponse, il doit y avoir un continuum dans tous les aspects de la vie en société.

Basile, qui montre des troubles légers du syndrome d’Asperger, fait d’énormes progrès non seulement en milieu scolaire mais aussi parce qu’il est accueilli, comme ici, dans un groupe de loisirs. Cela lui permet de mieux intégrer les codes sociaux,  apprendre à communiquer de façon adaptée et donc progresser, pas seulement intellectuellement, mais dans sa globalité. C’est aussi ainsi que nous nous enrichissons mutuellement de la diversité de nos intelligences et de nos perceptions des choses.

Alors, y-a-t-il un point commun entre tous ?

Certainement l’envie de faire du théâtre avec cette dualité : devenir autre que soi en démultipliant le champ des possibles tout en gardant son propre corps et en appréhendant le personnage avec sa propre sensibilité.

Au travers de cet atelier, on voit que le théâtre peut plaire aux jeunes. Cet art ancien, qui a traversé les siècles, a su  évoluer au fil du temps.  Insuffisamment soutenu, on constate bien souvent une pauvreté en ressources matérielles : comment s’en sortir en milieu rural quand, dans les villes, les salles de spectacles et de théâtre ne survivent essentiellement que par l’attribution de substantielles subventions !

Au cours de ce reportage, Karine Roubeau a  exprimé sa reconnaissance envers la mairie de Tréguidel qui lui a ouvert les portes pour qu’elle puisse  proposer cet atelier.

Alors, au final, n’y aurait-il pas une démarche à entreprendre pour montrer que le théâtre n’est pas quelque chose de poussiéreux mais bien de vivant et de contemporain où s’entremêlent la création, la réflexion, l’expression et l’émotion ? Miroir, mon miroir, beau reflet de la vie en quelque sorte !

“Faire du théâtre, c’est se mettre à l’écoute du monde, pour en être la caisse de résonance”-  Laurent Terzieff

Pour consulter le site de Karine Roubeau : www.kikeko.fr 

Anecdotes et Superstitions au théâtre

Bonne chance
Cela porte malheur de souhaiter bonne chance à un acteur ou un membre de la production. Au lieu de cela, l’expression la plus utilisée est simplement “merde” ! Cette expression daterait de l’époque où les spectateurs se faisaient déposer devant l’entrée, halte au cours de laquelle les chevaux ne manquaient pas de garnir de leur crottin le parvis du théâtre. Cette “garniture” étant directement proportionnelle au nombre de spectateurs, c’était faire preuve de bienveillance que de souhaiter “beaucoup de merde” aux artistes. Le comédien ainsi interpellé ne doit pas, selon les croyances, remercier celui qui lui a adressé ce souhait.
L’usage de ce mot a ensuite été étendu au reste du monde des arts, puis plus généralement pour souhaiter “bonne chance”. En Italie, il convient de dire “In bocca al lupo” (dans la gueule du loup) auquel le comédien se doit de répondre “Crepi il lupo” (que le loup crève).

Corde
Il est totalement proscrit de prononcer le mot “corde” sur scène ou dans les coulisses.Il est remplacé par  “guinde”, parfois ficelle.  Cette superstition vient des premiers machinistes qui étaient d’anciens marins. En marine, chaque lien à un nom propre (guinde, fil, chanvre, ganse…) mais nullement nommé corde. Il est considéré comme fatal, pouvant attirer la mort, sachant que la corde sert à tirer la cloche pour saluer les morts.  Aujourd’hui, la personne qui ose dire le mot “corde”, doit payer une tournée à tous ceux qui l’ont entendu.

La seule corde présente dans un théâtre s’appelle la corde à piano. Nullement musicale, elle est faite d’acier de forte résistance pour servir de guide à un rideau.

Les 3 coups
Afin d’annoncer le début de la représentation, 3 coups sont frappés avec un bâton appelé” brigadier”. Plusieurs explications sont données à cette tradition :

  • Au moyen-âge, les 3 coups symbolisaient la trinité (le Père, le Fils et le Saint-Esprit). Avant les 3 coups, onze autres étaient martelés en référence aux 12 apôtres moins Judas. 
  • Les 3 coups correspondent aussi à 3 saluts. Les comédiens saluaient avant de jouer, la reine (côté cour), le roi (côté jardin) et le public.
  • C’est aussi une règle dans le théâtre classique établie par Boileau au 17° siècle. Les 3 coups représentent l’unité d’action, de temps et de lieu. “Qu’en un jour, en un lieu, un seul fait accompli tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli”.

Aujourd’hui, avant de lever le rideau de la Comédie-Française, on frappe 6 coups : 3 pour chacune des 2 compagnies qui furent à son origine (celle de l’Hôtel de Bourgogne et celle de l’Hôtel Guénégaud qui fusionnèrent en 1680).

Macbeth
La pièce de Shakespeare, Macbeth est réputée maléfique. On attribue cette superstition au fait que, au cours d’une scène, Lady Macbeth évoque les mauvais esprits. Cette tragédie attirerait malchance, accidents et malheurs. En Angleterre, les troupes qui préparent cette pièce évitent de prononcer son titre et préfèrent parler de “pièce écossaise”. Les acteurs ne disent pas Lady Macbeth mais Lady M. Au cas où…

Oeillets
Il ne faut jamais offrir d’oeillets à une comédienne. En revanche, les roses sont appréciées. Cette coutume qui date du 19° siècle, s’explique ainsi :  lorsque les directeurs de théâtre engageaient encore des acteurs permanents, le directeur offrait des roses aux actrices dont le contrat était renouvelé. Elles recevaient des oeillets (fleurs qui coûtent moins cher) lorsque leur contrat se terminait.

Siffler
Il est interdit de siffler sur scène ou en coulisse de peur d’attirer les sifflets du public. Autrefois, les régisseurs de théâtre utilisaient des sifflements codés pour communiquer entre eux les changements de décor. Un comédien qui siffle peut alors semer la confusion dans le bon déroulement technique du spectacle.

Vendredi
Ce jour de la semaine porte malheur pour les comédiens sur scène.

Le vert
Jadis, des comédiens ont trouvé la mort parce qu’ ils portaient un costume vert. La teinture verte des vêtements, employée au 18ème siècle était composée de cyanure ou d’ oxyde ce cuivre. Les costumes portés à même la peau étaient susceptibles de laisser cette substance s’ imprégner dans les pores des comédiens. La chaleur et le trac aidant, les acteurs en sueur en auraient été victimes. Par ailleurs, au Moyen-Age, quand les amateurs jouaient les Passions, le personnage de traître de Judas était habillé de vert… et à la fin de la représentation, les spectateurs venaient bastonner l’ interprète. On dit aussi que Molière, mourut vêtu d’un habit vert lors de sa dernière représentation. En 1949, le théâtre de Montréal est baptisé  “Le Théâtre du Rideau Vert” pour conjurer le mauvais sort. Si le vert porte malheur en France, le violet en Italie, le Jaune en Espagne et le bleu et le vert au Royaume-Uni sont des couleurs “maudites” au théatre.

(source : lesartscène)

cours de théâtre Tréguidel
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Catherine B.

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Showing 2 comments
  • AM. R.
    Répondre

    bravo à Karine Roubeau, son travail est super, sa motivation aussi et elle rend les gens heureux à travers des exercices réfléchis.
    Très bonne initiative bonne chance et bon théatre à vous tous.

  • Tofi
    Répondre

    Bravo, félicitations à Karine.
    comme quoi même en campagne on peut proposé du travail de qualité.
    bonne continuation

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Georgette Meyer